Thierry Coudert est un haut fonctionnaire.
Un Premier ministre qui reçoit le chef des armées américaines en veste d’appartement et pantoufles armoriées, une fille de bonne famille qui s’étiole d’un amour impossible pour un proche de de Gaulle quand sa soeur se suicide avec un revolver offert par Hitler, des espions recrutés par l’URSS parmi la jeunesse décadente de Cambridge… Est-ce là un monde de fous ? Non, l’Angleterre de la première moitié du XXe siècle.
L’excentricité – cette capacité à développer des comportements originaux au sein d’une société conformiste – participe depuis toujours à l’identité britannique. Mais au xxe siècle, l’influence des excentriques dépasse largement la mondanité : Churchill, Virginia Woolf, Keynes et le Bloomsbury font rayonner l’Angleterre, un pur esthète comme Philip Sassoon crée la RAF, les Glamour Boys, jeunes députés conservateurs homosexuels, soutiennent Churchill – contre leur parti – dans son combat contre Hitler, parfois au prix de leur vie. Pendant une cinquantaine d’années, les excentriques, grâce à un entre-soi fécond, apportent ainsi un souffle nouveau à leur nation. Derniers feux de la suprématie de l’aristocratie britannique en même temps que de l’Empire, ils constituent le chant du cygne d’un pays original, qui, à l’aube de son déclin, affiche ce qu’il a de plus singulier.
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