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Christophe Juban

Dorothée de Lieven, diplomate et icône du concert européen

Les rendez-vous

23 novembre
24 novembre

Biographie

Ayant travaillé pendant plus de trente ans au sein d’un groupe industriel français, Christophe Juban a occupé plusieurs postes à l’étranger, effectuant des missions sur tous les continents dans les domaines du commerce international, de la finance et de la stratégie. C’est en lisant Chateaubriand qu’il rencontre Dorothée de Lieven.

Dorothée de Lieven, diplomate et icône du concert européen

Michel de Maule

Le destin de Dorothée de Lieven est le brillant miroir de la première moitié du XIXe siècle. Née à Riga en 1785, fille du général von Benckendorff et de la dame d’honneur de l’impératrice, elle épouse à l’âge de 15 ans Christophe de Lieven, futur ambassadeur de Russie à Londres. Comtesse puis princesse, maîtresse de Metternich puis de Guizot, son éducation, son intelligence et son influence lui permettent de parler sur le ton de l’amitié avec le Tsar Alexandre 1er, le roi George IV ou encore Louis-Philippe d’Orléans. De 1810 à 1857, date de sa mort, elle côtoie et discute presque d’égal à égal avec les ministres, les chefs de partis et les ambassadeurs des principaux pays.
Admirée autant que redoutée, moins intrigante que puissante, que ce soit à Saint-Pétersbourg, Vienne, Paris, Londres, Dorothée de Lieven est partout chez elle, la finesse de sa conversation et la justesse de sa correspondance lui ouvrant les salons où se décident, à coups de congrès et d’alliances, les affaires politiques du moment. Les acteurs du Congrès de Vienne (1814-1815) devront compter avec ses avis. Si les ombres de la légende napoléonienne, les remous des révolutions récentes et les menaces des nationalismes demeurent en filigrane dans la trame des jours de cette époque unique dans l’histoire pour son raffinement intellectuel et social, ce sont les nouvelles donnes d’une Europe dont nous sommes les héritiers qui émergent des conflits latents et des aspirations profondes des peuples.
Jugée tour à tour trop russe, trop autrichienne, trop anglaise, trop française, Dorothée de Lieven n’appartint à aucun clan sinon à cet espace à la fois privilégié et fragile que fut celui du Concert européen dont elle apparaît ici comme la plus parfaite expression féminine.